Les États-Unis augmentent les droits de douane sur les importations chinoises

Des taxes maintenues et de nouvelles hausses appliquées

Les taxes mises en place par l'administration précédente, sous Donald Trump, seront maintenues, et de nouvelles hausses seront appliquées. La Maison Blanche a justifié cette mesure en évoquant les "risques inacceptables" pour la "sécurité économique" des États-Unis posés par les exportations chinoises à bas prix. Les produits visés incluent l'acier, l'aluminium, les semi-conducteurs, les batteries, certains minerais essentiels, les cellules photovoltaïques et les grues.

Selon Lael Brainard, conseillère économique principale de la Maison Blanche, ces mesures sont destinées à contrer la stratégie chinoise de production excessive et de pratiques de prix déloyales. La Maison Blanche a également critiqué l'accord commercial de 2020 avec la Chine, affirmant qu'il n'a pas favorisé les exportations américaines ni créé d'emplois dans le secteur industriel.

Les hausses de droits de douane seront précises et ciblées, combinées avec des investissements domestiques et coordonnées avec les alliés proches des États-Unis, selon des responsables officiels. Ces mesures ne devraient pas exacerber l'inflation, et le risque de représailles de la part de la Chine est considéré comme modéré.

Les détails incluent une augmentation des droits de douane de :

• 25% à 100% pour les véhicules électriques,
• 7,5% à 25% pour les batteries lithium-ion
• 25% à 50% pour les cellules photovoltaïques.   

De nouveaux droits de douane de 25% seront appliqués à certains minéraux critiques non taxés actuellement. Les importations d'acier et d'aluminium déjà visées par les mesures de Trump verront leurs droits passer de 7,5% à 25%.

D’autres hausses prévues pour 2025 et 2026

D'autres hausses sont prévues pour 2025 et 2026, notamment un doublement des droits sur les semi-conducteurs à 50%, ainsi que des augmentations sur les batteries lithium-ion pour d'autres secteurs, le graphite, les aimants, et certains équipements médicaux.

En 2023, les États-Unis ont importé 427 milliards de dollars de biens chinois, contre 148 milliards de dollars d'exportations américaines vers la Chine, selon le Census Bureau. Le déficit commercial reste une préoccupation majeure à Washington. Un sondage récent montre que Donald Trump devance Joe Biden de 7 points sur les questions économiques, mettant en évidence les défis que Biden doit relever pour convaincre les électeurs de l'efficacité de sa politique économique. Les deux candidats s'éloignent de la position favorable au libre-échange qui prédominait à Washington, notamment lors de l'entrée de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce en 2001.

Le thème du "découplage" ou de la réduction des risques vis-à-vis de la Chine est fréquemment évoqué par le président Joe Biden et ses concurrents républicains, dont l'ex-président Donald Trump, en cette année d'élections générales où la Chine s'annonce comme un sujet majeur de politique internationale.

Baisse de la part de marché de la Chine aux États-Unis

En apparence, il est évident que les économies américaine et chinoise se désarriment. Bien que les importations en provenance de Chine n'aient pas diminué en valeur absolue, leur part de marché aux États-Unis a nettement baissé, passant de 22 % en 2017 à 16 % aujourd'hui, un niveau comparable à celui de 2007, avant la crise financière mondiale. Caroline Freund, économiste spécialisée en commerce international à l'Université de Californie, souligne que ce découplage se traduit par une augmentation des importations en provenance d'autres partenaires commerciaux, notamment le Mexique.

Réorientation des échanges commerciaux et rôle croissant du Vietnam

Les données du département du Commerce américain montrent une augmentation des importations en provenance du Mexique, favorisée par l'Accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM). Les pays asiatiques, en particulier le Vietnam, profitent également de cette redéfinition des échanges commerciaux transpacifiques. Arturo Sarukhan, ancien ambassadeur mexicain, estime que le Mexique pourrait capter une part significative de la production quittant la Chine, bien que la majorité se dirige vers le Vietnam, Taïwan ou la Corée du Sud.

Le Vietnam a vu ses exportations vers les États-Unis augmenter considérablement, passant de 21 milliards de dollars en 2012 à 136 milliards en 2022. Toutefois, une grande partie de cette production consiste en l'assemblage final de composants souvent fabriqués en Chine. Cette réalité a été illustrée par la visite de Janet Yellen, secrétaire américaine au Trésor, qui a souligné l'importance du Vietnam dans les chaînes d'approvisionnement américaines, malgré la provenance chinoise des composants.

Investissements chinois au Mexique et réponse américaine

Les investissements chinois au Mexique augmentent, reflétant l'intérêt croissant de la Chine pour le pays. Le constructeur automobile BYD envisage par exemple de construire une usine au Mexique. Arturo Sarukhan remarque que le Mexique, jusque-là une exception sur le continent avec une faible empreinte chinoise, voit maintenant une hausse des investissements chinois.

Le gouvernement américain est conscient de cette évolution. Lors de sa visite à Mexico en décembre, Janet Yellen a convenu avec son homologue mexicaine, Raquel Buenrostro Sanchez, de créer un groupe de travail américano-mexicain pour évaluer les investissements chinois dans les secteurs clés pour les États-Unis.

Sources :

https://www.usinenouvelle.com/article/joe-biden-releve-les-droits-de-douane-sur-des-milliards-de-dollars-de-produits-chinois.N2212921

https://www.lapresse.ca/affaires/economie/2024-01-09/entre-chine-et-etats-unis-le-commerce-prend-une-voie-alternative.php